Par Carol Clara et Alessandra Kegeleirs (21 Solutions)
Et si pour collaborer on ne devait pas être au moins deux, mais trois ? Quel est le rôle du tiers ? Qu’apporte-t-il dans la collaboration ? Peut-on et doit-on s’en passer ? VILCO a creusé ces questions en expérimentant le rôle d’acteur tiers.
Le rôle du « facilitateur » au sein d’un groupe est de l’aider à comprendre ses objectifs communs et l’accompagner pour les atteindre, à l’aide de techniques d’intelligence collective. En d’autres mots, il fait naître les meilleures idées au sein d’un groupe dans un cadre sécurisé qui renforce la confiance et les capacités des membres à travailler ensemble, à collaborer.
Le « facilitateur » doit également assurer l’équitable participation des membres du groupe. D’une part, le travail du « facilitateur » est stratégique, car il consiste à questionner, comprendre et bien cibler les réels enjeux sur lesquels le groupe a besoin de travailler et les intérêts de chacun. D’autre part, il est méthodologique, car il doit définir la méthodologie adéquate pour faciliter le travail du groupe, lui permettant d’élaborer des solutions réalistes, pertinentes et engageantes, et s’assurer de garder une trace de la production de ce dernier.
Dans le projet VILCO, 21 Solutions et SDS ont joué ce rôle de « facilitateur », avec des compétences complémentaires : l’intelligence collective pour les premiers et le design social pour les seconds. L’objectif était de faciliter la rencontre et la collaboration entre les trois acteurs du projet : les initiatives citoyennes, les élus et les agents locaux. Ainsi, nous étions en permanence quatre types d’acteurs autour de la table.
Mais pourquoi faire appel à des acteurs tiers ?
Neutralité et regard extérieur
L’acteur tiers apporte une certaine neutralité dans l’échange. Il faut cependant préciser ce qui est défini comme neutre. Ce n’est pas vraiment une personne indépendante, sans intérêt personnel et propre concernant les échanges (personne n’est jamais dénué d’intérêts). C’est avant tout un rôle qu’une personne va prendre, celui de se dédier au groupe et de s’engager à le faire évoluer, en créant un climat de confiance et en s’assurant que chacun soit respecté et prenne une place, dans un souci d’équité. Il ne prendra en aucun cas parti pour l’un ou l’autre acteur mais il aidera les membres à reformuler leurs besoins et perceptions afin d’en améliorer la compréhension par chacun.
Aussi, en tant que personne, l’acteur tiers ayant son propre bagage, peut apporter un regard extérieur et une prise de recul sur les processus en cours, ce qui peut s’avérer enrichissant.
Poser un cadre sécurisé d’échange et d’apprentissage
Faciliter, dans le cadre de VILCO, ce fut aussi de rendre possible la rencontre entre les acteurs des Livings labs, en fixant des moments de réunion, en prenant du temps pour ces rencontres et en se rendant disponible.
Quadrant Conseil, nous le rappelle, « VILCO a créé un espace hors du cadre institutionnel dans lequel chacun peut s’exprimer de façon égalitaire, sans concurrence et sans opposition frontale. C’est un espace ‘côte-à-côte’ plutôt que ‘face-à-face’. C’est important pour les collectifs citoyens, mais aussi pour les agents et les élus, et cela permet à des idées différentes d’être exprimées et prises en compte. C’est aussi un espace plaisant dans lequel chacun apprécie de s’inscrire. Les participants acceptent de s’inscrire dans ce cadre parce qu’ils ont confiance en lui ou plutôt parce qu’ils ont confiance en l’équipe du projet pour assurer des conditions égalitaires et garantir que le projet ne fera pas l’objet d’une récupération politicienne, par exemple. »
Dans VILCO, ce cadre a servi de base pour la mise en place d’un processus de collaboration et d’un environnement favorable à la collaboration.