ATELIER SUR LA GOUVERNANCE
Dans le cadre de la Rencontre des initiatives citoyennes durables qui s’est déroulée le 13 mai 2017 au BEL, une quarantaine de citoyens engagés ont participé à l’atelier sur la gouvernance proposé par l’équipe VILCO.Après une brève présentation du projet, les organisateurs ont pris le pouls de la salle en posant une série de questions concernant la collaboration entre initiatives citoyennes et pouvoirs publics. Pour répondre, les participants devaient brandir un carton vert (« Je suis d’accord! »), jaune (« Bof! ») ou rouge (« Pas d’accord! »).
Les tables de discussions ont succédé à ce baromètre avec, en guise de premier round, un état des lieux. En termes de collaboration entre autorités publiques et collectifs citoyens, qu’est-ce qui marche bien, moins bien, ou pas du tout ?
La seconde partie des débats fut axée sur les solutions. Quelles pistes, quelles transformations, quelles évolutions, pour améliorer la collaboration entre administrations publiques et collectifs citoyens ?
Voici la retranscription des échanges.
Baromètre
Round 1 : Etat des lieux
Table 1
Ce qui marche bien:
- Journal de la commune
- Initiatives culturelles (mais la communication passe-t-elle bien ?)
- Chant des Cailles à Watermael-Boitsfort : soutien de la commune à l’initiative citoyenne
- Initiative de réduction de l’intensité sonore (concerts, …) : écoute des autorités régionales -> future législation
- Autorités communales très proactives pour améliorer l’infrastructure cycliste (Watermael-Boitsfort)
- Audit participatif à Ixelles sur la mobilité : pouvoirs publics, citoyens et associations : Diagnostic réalisé ensemble -> plan d’action communal (voir ce qui suivra…)
- Commune : rôle de relais d’infos, centralisation
- Rencontre associations et communes
- Intérêt des communes pour les initiatives citoyennes
- Subsides pour les initiatives citoyennes
- Mise en place d’un accompagnement professionnel
- Contrat de quartier Bockstael : une équipe pro qui fait bouger les choses pendant quelques années (« activateurs de développement »)
- Opportunisme : certains collectifs veulent bien passer le relais aux pouvoirs publics sur certains points (un peu moins de méfiance)
- Appel à projets Bruxelles Environnement : boostent le lancement de nouvelles initiatives + les aident à mieux se structurer (aussi au niveau méthodologie)
Points d’amélioration:
- Soutiens plus pérennes, dans la durée
- Aide à la communication (communes)
- Simplification administrative (ne pas exiger à des bénévoles un travail de pro) ex. : indicateurs d’évaluation !
- Travail sur les relations entre les gens d’un quartier (ex. : diversité culturelle)
- Plus grande cohérence entre les paroles et les actes
- Différentes formes de soutien (prêt de salles, animation de réunions …)
- Se baser sur les atouts, les opportunités (pas seulement planification déconnectée du terrain)
- Évaluation des politiques d’éducation permanente (= soutiens aux citoyens avec subsides, mais pas toujours efficaces)
- Reconnaître des logiques d’organisation différentes culturellement
Table 2
Ce qui marche bien:
- Le catalogue communal, par exemple le journal de Schaerbeek (mais qualité non-homogène). Qu’est-ce qui fait que ce ça marche bien ?
- Un guichet porte-parole entre les habitants et gouvernement
- Mentalité ouverte / progressive
- Bonne organisation / structure
- Personnes individuelles -> partage des valeurs (super important car fait toute la différence)
- Le contact direct : temps passé ensemble = meilleur résultat
- Le rôle des gouvernements locaux pour rassembler en ligne les initiatives
Ce qui marche moins bien:
- Manque de communication des communes vers le public
- Pas uniforme (et hors de Bxl)
- Même sur les sites internet
- Compliquer d’avoir une réponse (à qui demander ?)
- Attention : administration différente des politiques
- Question de gouvernance : management horizontal -> majorité ou unanimité ?
Ce qui ne marche pas:
- Manque d’une plateforme commune entre toutes les différentes initiatives : les communes ne comprennent pas le côté organique des initiatives.
- Initiatives hybrides -> comment les catégoriser ?
- Difficile de collaborer avec des collectifs (groupes non-conventionnels)
- Différents codes organisationnels (ex. Josaphat -> asbl)
- L’inconstance (changement de la majorité politique) -> donc différent leitmotiv + les relations tombent à l’eau quand la majorité change
- Communication interne (Long-terme >< court-terme)
- Modèle bureaucratique ne va plus
Table 3
Participante de St Josse
« Nous avons installé un compost dans le parc de la Commune. C’était une nécessité d’être en contact avec elle, nous n’avions le choix. L’initiative venait des citoyens vers la Commune qui s’est d’ailleurs réapproprié le projet par la suite… »
Participante de WB
« Nous avons été en contact avec la Commune pour le compost et le potager, avec la société le Logis pour le terrain de la ferme du Chant des cailles ainsi que pour un box où nous gardons nos outils. Ils mettent le terrain à disposition gratuitement car ils n’en faisaient rien dans tous les cas.
Nos initiatives ont permis et permettent de créer du lien dans le quartier, dans la vie et la dynamique de quartier.
Le QDC fonctionne bien. J’apprécie qu’il y ait une enveloppe budgétaire pour des projets qui sont ensuite choisis par les QDC. Cela donne une forme d’autonomie aux projets citoyens qui décident entre eux. C’est de la gestion par les citoyens. Nous avons une très bonne relation avec le coach, dont c’est le métier de nous aider, par exemple dans les rouages administratifs. Elle est disponible, y compris le week-end, et y met beaucoup de cœur. Ce qui est important c’est la personne, pas forcément d’où elle vient » (BE ou autre structure)
Participante d’Ixelles
« Nous avons des contacts avec la Commune pour le matériel. Elle n’est pas forcément contre, mais il y a des blocages administratifs. Il y a des formulaires à remplir pour le potager, des délais à respecter, des freins… Ils ont de la bonne volonté mais il y a des freins. A termes on fera sans la Commune. »
NB : la participante a noté un appel à projet « potagers » de la Commune qui était celui de BE (et a mené au Potajadot). Cela souligne une certaine confusion dans les porteurs d’appels à projets.
« Pour la Maison Malibran, c’est pareil, il faut réserver beaucoup de temps à l’avance. Quand c’est à la dernière minute, nous ne pouvons pas y aller, ils ne sont pas assez flexibles. Alors, nous allons chez Elzenhof à la place. Ils sont chouettes. On ne paye pas. Mais ils sont moins structurés. »
Participante de WB
« Les locaux pour des réunions, c’est très compliqué »
Participante d’Ixelles
« Mais il existe une volonté politique »
Participante de Saint Gilles
« De l’extérieur tout va bien. Le QD vers la Pousse qui Pousse ça reste local, la vie de quartier. J’étais à la Pianofabriek avant et on voit l’effort pour l’administration pour les initiatives. Les fêtes (communales, de voisins, …) se passent bien. La Commune est ouverte mais pas proactive. ParckDesign est maintenant repris par un collectif ».
Participante d’Ixelles
« En tant que citoyen, on doit aller chercher. L’information sur les initiatives citoyennes n’existe pas sur le site de la commune, ils pourraient créer une page spéciale. »
Table 4
Habitant du quartier Léopold et membre d’IEB
Diversité, richesse des initiatives à Bruxelles. Dû au dynamisme, à la force du réseau associatif ou à la faiblesse des pouvoirs publics (communal ou régional), en particulier face au poids des investisseurs privés ?
Shelemeza
Néerlandophone (langue maternelle afrikaners), Shelemeza trouve que la rareté d’interlocuteurs bilingues ou néerlandophones dans les administrations / organisations publiques locales constitue un frein pour toutes une série d’initiatives.
Membre de Be Planet
Pense que la multiplicité de messages qui émanent de différents niveaux de pouvoir en Belgique (Fédéral, régional, communal, etc.) présente un risque de confusion pour le public, voire de contradiction dans les conseils, consignes émis. Ceci est d’autant plus embêtant que les thématiques sont transversales. Confusion et cloisonnement vs forte mobilisation.
Formatrice et accompagnatrice des Maitres composteurs en RBC (Worms asbl)
Selon elle, les différentes administrations rencontrées dans le cadre de son travail ne sont pas toujours au fait de toutes les initiatives qui voient le jour sur leur territoire. Trouver le bon interlocuteur n’est pas toujours choses aisée d’autant plus que plusieurs services sont parfois impliqués dans les projets à caractère plus transversal. (travaux publics, espaces verts, propreté publique, enseignement, etc.)
Membre d’une société privée (organisation du festival « Demain » en octobre)
Sa structure vise à offrir des services de communication liés à la transition, la durabilité avec le pari que cette démarche est porteuse de développement économique. Palier au secteur public qui fait parfois preuve d’un manque de vision et d’ambition.
Membre du Réseau en transition sur la Commune de Jette
Très bonne expérience : la Commune connaît bien les initiatives qui se développe sur son territoire. Sans faire preuve d’ingérence, elle est régulièrement en contact avec les acteurs locaux et propose souvent son aide. Par exemple, livre le compost pour le potager collectif, aide à trouver d’autres sources de financement, etc.
Round 2 : Pistes d’amélioration
Table 1 : Comment mieux partager les valeurs/objectifs?
- Esprit de collaboration: dialoguer de manière constructive avec la commune, ne pas arriver en critiquant, en imposant ses idées ; être dans l’optique de la complémentarité (win/win).
- Connaître les objectifs de la commune: donner du pouvoir à initiative citoyenne en cherchant la convergence des objectifs de la commune ; s’informer, demander et trouver les points communs ; éventuellement cibler les contacts sur les communes intéressées.
- Montrer l’intérêt du projet pour le collectif, les citoyens: donner du poids à l’initiative citoyenne, la légitimer en fédérant et en suscitant l’intérêt des médias en ligne et sur le terrain ; permet d’arriver avec une force de négociation.
Table 2 : Comment intégrer les citoyens précarisés ?
- Dimension humaine : Parole directe, apprendre à se connaître, parler franchement, bien connaître son interlocuteur/trice pour communiquer, communiquer sur une histoire, liée au bien-être des gens, regarder l’autre avec amour
- Multiplier les canaux de diffusion : Coller des affiches permet de rencontrer des inconnus, activités avec les @ -> relais vers les parents
- Instaurer la confiance
- Inciter à la rencontre par la convivialité : organiser des événements festifs et pédagogiques : après-midi, fête de quartier, fête de la soupe, partager les savoir-faire ; accueil des nouveaux habitants de logement social en présentant les initiatives du quartier (Tour du quartier) ; dans un même projet, s’occuper de plusieurs thématiques et inclure des activités socio-culturelles (cuisine, propreté)
- Au sein des collectifs, garder un œil critique / pratique pour rester inclusif
ATTENTION au vocabulaire ! Le jargon est un facteur d’exclusion ; expliquer le pourquoi et le bénéfice
Sortir d’un discours normatif ; c’est quoi une initiative citoyenne ? Elargir la loupe (il existe des initiatives citoyennes qui s’ignorent) ; créer des ponts au niveau des associations qui travaillent avec des publics ‘précarisés’ - Pouvoirs publics : permettre à public précarisé de répondre à ses besoins vitaux, revenu universel
Table 3 : Comment préserver la richesse tout en évitant la confusion?
- TV/journalisme/radio de la plateforme + newsletter : radios associatives – émission TV versus édito vide des journalistes : utiliser les médias audio-visuels existants pour la visibilité des initiatives, ça touche un plus grand public
- La mise en réseau en restant accessible aux groupes qui ne sont pas encore impliqués :
– Listes distribution info par mail – forums? (newsletter d’une plateforme)
– Plateforme type site réseau social pour les initiatives/associations – chaque initiative a un profil (et met les acteurs avec qui ils travaillent par exemple) forum/chat + newsletter
– Trouver/encourager la transversalité : la catégorisation peut limiter les possibilités de conversation - Réseau non numérique : « Se rencontrer en vrai ! ». La première rencontre des initiatives citoyennes. Prévoir d’autres rencontres + développer un agenda entre les associations/acteurs. Quels acteurs? Qui a fait quoi/va faire quoi? Qu’est ce qui fait doublon/quelles initiatives n’ont pas été faites mais pourrait…? Des colloques/journée de la rencontre des initiatives présentes les assos au public vs entre elles, G1000/speed dating entre initiatives. Il peut aussi y avoir des rassemblements plus petits
- Mettre en place une personne par commune en charge de la relation initiatives/commune
Table 4 : Comment pérenniser les accompagnements tout en favorisant l’autonomie?
- Financement structurel des initiatives, évite le temps perdus en démarches administratives
- Redistribution des financements non utilisés, dans le cadre de budgets participatifs (AG des QDC pour la répartition des financements)
- Créer un pôle ressource participation et/ou un guichet d’info/ soutien / accompagnement
Formation à la gestion de groupe et l’IC.
Table 5 : Dépasser les rapports de force liés au financement.
- Budgets participatifs : les personnes qui répondent à l’appel se distribuent l’argent entre eux, pas le pouvoir public. L’argent que j’attribue au projet de l’autre, je n’en bénéficie pas = l’ensemble des projets est porté par tout le monde. (Consensus, responsabilisation, indépendance).
- Autre idée pour impliquer les bénéficiaires : attribution en 2 étapes: 1ère année l’administration attribue et la 2ème année les lauréats de l’années précédente participent au jury.
- Pouvoir public à l’écoute des gens: Il ne faut pas toujours de l’argent, il suffit parfois de mettre les gens en contact, de collaboration.
- Problème de communautarisation: subsides du côté NL ou FR (impact sur le projet)
- Autofinancement, négociation avec le privé “On le veut, on le finance !”
Table 6 : Comment mieux mobiliser les ressources?
- 2 thématiques clés :
– Augmenter les réponses d’appui/d’accompagnement de façon durable.
– Améliorer le rôle de relais d’infos des initiatives citoyennes. Les besoins = pas toujours de l’argent ! Surtout si on doit le dépenser très vie. - Budgets participatifs (comme dans les quartiers durables) – créer des lieux de décisions collective sur l’attribution des ressources financières ou autres
- Cadastre des ressources, compétences, outils pédagogiques ou lieux physiques pour partager des outils, ressources matériels), disponibilité de lieux gratuits dans les quartiers
- Mise à disposition d’experts techniques spécialisés (ex: construction, formation des collectifs d’habitants ponctuellement)
- Mise en réseau entre pouvoirs publics et groupes citoyens, savoirs être à l’écoute du terrain
- Amélioration de la communication (contacts avec les pouvoirs publics, diffusions des infos vers les habitant)