Mise au vert de l’équipe VILCO – 20 décembre 2018

Rebattre les cartes pour mieux avancer

par Corentin DAYEZ, Facilitateur en intelligence collaborative.

Quoi de plus déroutant que d’être questionné sur les fondements même de son projet, et à plus forte raison quand celui-ci en est déjà à mi-parcours. Tant de choses sont en effet déjà convenues et mises en route, et la masse d’informations à traiter est déjà très importante… Pourtant, c’est ce que l’équipe du projet VILCO a vécu en s’accordant ce 20 décembre un temps d’arrêt en équipe pour prendre de la hauteur sur le travail en cours, et puis de resserrer les liens entre partenaires. Une manière de faire le point pour repartir directement de bon pied pour l’année à venir.

Quand tu ne sais plus trop précisément où tu vas, regarde d’où tu viens ! Mon parti pris, en tant que facilitateur, c’est de penser qu’un projet gagne à revenir sur ses pas en clarifiant le rêve de l’équipe qui le porte – sa vision – et en réaffirmant ce qui relève de son champ d’action et de compétence – sa mission. Cela permet de plus facilement apprécier ce qui a été fait et reprendre les activités en cours avec plus de lucidité sur les questions importantes à traiter.

Pour y arriver, un détour vaut parfois mieux qu’une ligne droite : nous nous sommes mis à jouer à la baballe ! Il y a en effet beaucoup à apprendre rien qu’à observer d’où elle vient et comment elle repart. Une manière de prendre finement la mesure de l’attention que les différents partenaires portent les uns aux autres. Une manière ludique aussi de forcer rapidement le passage d’une logique individuelle et de positionnement en JE à celle du collectif et de positionnement en NOUS. Car tout projet collectif a une vie et une aspiration propre, indépendante des partenaires qui l’animent.

Finalement, ce détour pour se mettre en condition pose au projet VILCO qui s’intéresse à la participation citoyenne une question qui est loin d’être anodine : quel est le NOUS sur lequel l’équipe porte son regard ? Est-ce que l’intérêt porté sur des démarches participatives qui fonctionnent déjà ne comporte pas le biais de ne s’intéresser qu’à ceux qui, comme dirait le sociologue Bourdieu, ont déjà le « capital culturel » de le faire ? Ne faudrait-il pas s’intéresser aux raisons pour lesquelles d’autres publics ne participent pas ? Mais, au fond, faut-il que tout le monde participe à la vie politique et citoyenne ? Est-ce là bien démocratique ? L’injonction de participer peut en effet paraitre bien paradoxale…

Dans ma pratique de facilitateur de dynamiques collective, ce questionnement est en tout cas bien vivant. Car, la non-participation des personnes aux exercices que je propose est presque systématiquement significative de quelque chose qui si vit à l’échelle de l’individu ou au sein du collectif. Porter cela à la conscience du groupe amène bien souvent une évolution dans ma manière de l’accompagner. A l’équipe du projet VILCO de déterminer ce que cette expérience peut avoir de significatif pour elle…