« Pour mettre en mouvement les gens qui ne se considèrent pas comme des acteurs, les autorités doivent aller à leur rencontre dans la rue, dans un bar ou dans un restaurant social… »
Traduction de l’article de Piet Van Meerbeek publié sur le site du BRAL (mouvement urbain qui se bat pour un Bruxelles durable) à propos de l’atelier VILCO du 24 juin sur le ‘Budget des grands projets citoyens’ (expérimentation 6)
Proposition : Bruxelles Environnement s’associe à une ou deux autres administrations, par exemple la Communauté Flamande et la COCOF. Sont également invitées quelques communes. Ensemble, ils créent un cadre dans lequel des initiatives citoyennes vont pouvoir foisonner et s’épanouir.
Mardi soir, 24 juin. Je suis assis autour d’une table avec un petit groupe de personnes d’horizons divers. Quelques fonctionnaires, un accompagnateur professionnel d’initiatives citoyennes, une personne issue du domaine de l’ « innovation sociale » et le BRAL. Notre mission : imaginer le scénario d’un nouveau type d’appel à projets pour Bruxelles Environnement. Ce nouveau type remplacerait à terme la version actuelle de l’appel à projets Inspirons le Quartier/Vooruit met de Wijk, qui apporte aux collectifs citoyens une aide budgétaire et un encadrement pour mener leurs actions. Non pas qu’Inspirons le Quartier va disparaître. Il s’agissait plutôt de se prêter à un exercice de réflexion dans le cadre de la recherche action VILCO. Ce soir nous pouvons – voire nous devons ! – rêver !
Le point de départ de notre groupe : nous voulons encourager au maximum les initiatives qui émanent des citoyens. Nous voulons démocratiser les processus décisionnels et la gestion des ressources. Laisser aux seules autorités publiques le choix des thématiques à aborder ou à ne pas aborder n’a donc aucun sens. De plus il serait logique de ne plus se limiter au cadre étroit des questions environnementales. Cette nouvelle approche se révèlerait émancipatrice car les citoyens essaient souvent de présenter des projets dans Inspirons le Quartier qui relèvent plutôt de la cohésion sociale que de l’écologie.
Selon nous, Bruxelles Environnement, en association avec d’autres administrations, devrait lancer un tout nouvel appel à projets qui permettrait aux propositions de se déployer dans plusieurs directions possibles. La provenance du budget serait ensuite déterminée en fonction de l’idée proposée.
Et Oui ! Voilà qui change ! Les participants à la table de discussion ont fait remarquer que « sortir des sentiers battus » permettait de libérer la créativité. Enfin, tout comme nous, les autres groupes de travail en sont arrivés à la conclusion qu’il était important que Bruxelles Environnement collabore de manière étroite avec les autres administrations.
Toutes les propositions sont les bienvenues
Même si des initiatives émanent du terrain, cela ne veut pas dire qu’il revient aux citoyens de tout mettre en œuvre. Élargissons le champ d’action : toutes les propositions sont les bienvenues ! Quand les habitants suggèrent que tel espace public, que tel bâtiment, soit réaménagé ou reçoive une nouvelle affectation, il est logique que l’autorité communale participe au projet. Le nouveau cadre devrait conduire à des réalisations concrètes dont la mise en pratique serait déterminée au cas par cas, avec des porteurs et exécutants appropriés.
Un projet pourrait être porté par trois ou quatre riverains, un autre, par une association. Ou encore, dans le cas d’un projet de plus grande ampleur, le portage serait assuré par un consortium plus développé, composé de représentants des pouvoirs publics, d’associations et de citoyens. Les projets de quartiers plus modestes côtoieraient des programmes plus coûteux et de plus grande ampleur. Autrement dit, les critères de sélection et la procédure pour l’octroi de subventions varieraient en fonction de l’étendue du projet.
Un appel à projets qui ne serait pas un appel à projets
Notre tâche était de dessiner un nouveau cadre pour l’appel à projets de Bruxelles Environnement. Mais est-ce que ce processus est une bonne idée ? Souvent il souffre de deux défauts.
Pour commencer, il induit entre les participants une concurrence pour des ressources rares, ce qui mène au gaspillage d’une partie considérable de l’énergie « sociale ». Dans le cas d’Inspirons le Quartier les dégâts sont limités dans la mesure où 90 % des projets sont approuvés. Les 10% qui restent relèvent dans la majorité des cas d’un autre cadre. Plutôt que d’être abandonnés ils seront réorientés.
Là où « le bât blesse » plutôt : dans le cadre d’un appel à projets, l’autorité publique attend passivement l’afflux de propositions, avec pour conséquence l’exclusion d’une grande partie des Bruxellois. Nombre de personnes ne se considèrent pas comme des acteurs qui co-construisent la ville. Pour les encourager à se mobiliser, nous devons choisir une autre approche, tourner notre regard vers eux, aller les rencontrer dans la rue, dans un bar ou un restaurant social, devant le portail d’une école…
Notre approche de « connecteurs » dans le projet CitizenDev peut servir de modèle. Le cas du projet ParcFarm – une personne a été désignée pour aller à la récolte des idées au sein du quartier – est également un bon exemple. De telles approches facilitent les collaborations parce qu’elles permettent de rassembler des gens qui partagent les mêmes aspirations ou idées.
Ici et maintenant !
Notre rêverie nous a-t-elle menés trop loin ? Peut-être. Mais rien n’est impossible. Les Communautés Française et Flamande ont déjà collaboré lors de l’appel à projets CultuurCulture. Pourquoi d’autres collaborations ne seraient-elles pas possibles ? En tout cas, le moment est idéal. Nous avons un nouveau gouvernement régional et un nouveau Collège de la Commission communautaire flamande. Et les échevins viennent d’entrer en fonction dans les communes. Le moment est donc particulièrement propice pour proposer un modèle novateur de co-création. Une nouvelle forme de gestion dans laquelle les différents niveaux de pouvoirs locaux coopèrent entre eux ainsi qu’avec la société civile, adoptant un nouveau rôle en tant que facilitateur. Passons à l’action !
Piet Van Meerbeek pour le BRAL